Aide à la presse au Grand-Duché: des subsides pour les pure players et les “emerging media”


Le parlement grand-ducal vient de voter – à une large majorité de 53 à 6, cela vaut la peine d’être souligné ! – une loi qui remet sérieusement l’aide à la presse au “goût du jour” – lisez: qui tient compte de l’évolution fondamentale que vit la presse depuis quelques années déjà et qui voit surgir une belle dose de numérique. En mode 100% (“pure players”) ou en mode hybride (les éditions numériques de médias traditionnels).

Désormais, au Grand-Duché, l’aide à la presse bénéficiera bien plus égalitairement aux deux types de médias, en rangeant pour ce faire aux oubliettes l’ancienne “métrique” que constituait le nombre de pages imprimées.

Les nouveaux critères appliqués ne désavantagent pas pour autant les médias dits traditionnels puisque les subsides seront notamment calculés en vertu du nombre de journalistes employés par ledit média ou éditeur. Conscient (on ose l’espérer) de la dynamique qui anime les “jeunes pousses” de la “nouvelle presse” – lisez des initiatives beaucoup plus modestes, n’ayant pas ou pas forcément d’escadrille de journalistes dans leur besace, le législateur luxembourgeois prévoit également des subsides moins conséquents pour les “emerging media”. Le texte du projet de loi prévoyait en effet deux nouveaux types d’éditeurs: l’“éditeur émergent” (une structure légale comptant au moins deux journalistes) et l’“éditeur citoyen” (obligation d’employer deux personnes, dont un doit être journaliste professionnel).

Subvention octroyée dans un cas comme dans l’autre: 100.000 euros.

Qui plus est, une “aide à l’innovation” d’un montant forfaitaire de 200.000 euros a été entérinée.

La loi qui vient d’être votée, en réalité, ne fait que confirmer et renforcer une tendance qui était à l’oeuvre depuis 2017, année au cours de laquelle le Grand-Duché avait déjà prévu un subventionnent pour la presse en-ligne. En 2020, 13 “titres” numériques avaient ainsi pu bénéficier, chacun, d’une subvention de 100.000 euros. Mais cela concernait essentiellement des médias traditionnels ayant ouvert un chapitre numérique. A noter au passage que la subvention est réellement accordée par titre, ce qui signifie que le Wort, par exemple, pour ses éditions numériques a récolté… 300.000 euros en 2020 (100.000 par version linguistique – et il y en a trois: français, luxembourgeois et anglais !)

Il n’en reste pas moins que nos voisins du sud pourraient servir de source d’inspiration pour nos propres responsables politiques. Voici le message un tantinet volontariste que l’on peut trouver sur le site du gouvernement grand-ducal: “La presse en ligne joue un rôle enrichissant pour le pluralisme des médias. Voilà pourquoi le Gouvernement a mis en place un mécanisme transitoire de soutien au développement de la presse en ligne par le règlement du gouvernement en conseil du 13 janvier 2017. Le mécanisme vise à soutenir les éditeurs qui remplissent des critères de qualité, de professionnalisme et de régularité de parution. Il est accessible à des acteurs nouveaux qui ne bénéficient pas encore d’un soutien de l’Etat mais également à des acteurs existants à condition qu’ils enrichissent leur offre en ligne en respectant les critères déterminés par le règlement.”



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