Appauvrissement de la diversité de la presse en Belgique


La diversité de la presse en Belgique passera-t-elle par les pure players? A l’ABiPP, nous en sommes convaincus. Les multiples initiatives de journalistes pure players apportent du sang neuf au secteur, des regards différents sur l’information et une pluralité rafraîchissante.

La thèse de doctorat de Jonathan Hendrickx (VUB) sur la situation de la presse traditionnelle en Flandre nous conforte dans cette analyse.

Le chercheur du laboratoire « imec-SMIT » (Studies in Media, Innovation and Technology) montre que la diversité des informations dans la presse classique en Flandre est en net déclin. En cause: la forte concentration des médias et leur tendance à recycler les mêmes informations. « Ces trois dernières années, on observe un réel appauvrissement de la production et de l’offre d’informations dans les différents médias d’un même groupe », constate le chercheur.

Jonathan Hendrickx a passé quatre années à étudier les deux plus grandes entreprises de presse en Flandre: DPG Media et Mediahuis. « Ces deux sociétés ont vu le jour à la suite de fusions et d’acquisitions à grande échelle, ce qui a ramené de neuf à cinq le nombre de sociétés de médias actives en Flandre », indique un communiqué de la VUB, qui relaie dans les grandes lignes les résultats des travaux de Jonathan Hendrickx.

Pour sa thèse, le chercheur a non seulement passé au crible plus d’un million d’articles publiés entre 2017 et 2020 par les différents titres de ces deux groupes de presse, mais il a aussi analysé une centaine de journées de travail de journalistes de ces médias. Il a également mené une série d’interviews avec les journalistes, les éditeurs et les rédacteurs en chef de ces médias.

«Les commentaires des journalistes révèlent comment la pratique du recyclage des contenus (des informations) est devenue partie intégrante du modèle économique et du fonctionnement quotidien de ces titres de presse », précise le communiqué de la VUB. « Ces dernières années, plusieurs rédacteurs en chef flamands ont été physiquement réunis dans le même bâtiment pour faciliter les collaborations. En outre, ils utilisent le même logiciel pour publier les articles, ce qui permet de partager le contenu entre différents titres, et les rédacteurs ont des règles (implicites) sur l’autorisation ou non de copier des articles et/ou des sources », précise encore l’université libre (flamande) bruxelloise.

Au final, c’est la diversité de la presse qui en pâtit, et donc le public, qui ne dispose plus d’un nombre suffisant de médias et donc de points de vue différents pour se forger ses propres opinions. Un problème démocratique latent.

 



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