Alors que les médias – qu’ils soient ou non des pure players (c’-à-d. des médias exclusivement numériques) – tentent un retour vers le modèle payant et que les modèles (ou tentatives de modèles) de rentabilisation et de pérennisation se multiplient – abonnements, paiement à l’unité, dons… -, la presse semble buter contre un mur.
En Europe, selon l’analyse faite par le Reuters Institute for the Study of Journalism dans le cadre de son Digital News Report 2021, “moins d’une personne sur cinq, en moyenne, paie pour s’informer en-ligne”.
Et la Belgique ne fait pas exception comme le montre le diagramme ci-dessous. On se situe même un chouia en-dessous de la moyenne européenne. Mais le score de 16% n’en est pas moins porteur d’espoir puisqu’il n’était que de 12% voici un an.
Et, somme toute, les titres belges (du moins ceux qui tirent les statistiques vers le haut) font mieux que tenir la comparaison face à des médias allemands ou britanniques: ces deux pays traînent en fin de peloton avec seulement, respectivement, 9% et 8% de lecteurs payants.
Il y a, par contre, des pays qui font exception. Norvège et Suède apparaissent ainsi comme des extra-terrestres en la matière – et sont même en progression : gain de 3% en l’espace d’un an.
Autre éclairage intéressant du rapport: la moyenne d’âge des abonnés de la presse en-ligne (même s’il est difficile de généraliser compte tenu de la diversité des thématiques qui font le fil rouge des médias…). Cette moyenne d’âge semble en tout cas confirmer que les lecteurs payants de la presse en-ligne se situent dans les tranches d’âge supérieures. Avec quelques petites variations, toutefois, selon les pays.
Le lectorat le plus âgé (moyennement parlant) se trouve au Danemark (55 à 60 ans). Viennent ensuite la Suède et l’Italie: 50 à 55 ans.
Un rien plus bas sur l’échelle des âges (45-50 ans), on trouve l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, la Finlande, l’Autriche.
Enfin, les abonnés de la presse en-ligne ont en moyenne 40 à 45 ans en Espagne et en Irlande.
Tout va bien, Madame la Marquise…
Autre enseignement un rien perturbant pour quiconque vit de sa plume ou de sa souris ou édite un média de presse: la perception de situation financière ou de conditions d’existence qu’en a le grand public. Voyez plutôt… “Dans chacun des trente-trois pays étudiés, moins de la moitié des personnes interrogées savent que la plupart des organes de presse sont moins rentables qu’il y a dix ans. Une personne sur cinq (19 %), en moyenne, pense au contraire qu’ils sont plus rentables aujourd’hui et 36 % répondent ne pas savoir.”
En réalité, les “petits” médias sont plus que jamais démunis et précarisés. Et même les grandes “boîtes” et grandes “marques” de presse – à quelques rares exceptions près – voient se poursuivre une régulière déchéance économique et d’attractivité, avec, selon l’Association mondiale des journaux, une baisse de revenus de l’ordre de 20% ces six dernières années.
Quelques autres résultats pour la Belgique:
– Taux de confiance accordée “la plupart du temps” à la presse: 54% – ce qui est un beau score comparé à certains pays, à commencer par la France où le taux de confiance est descendu à 30%, plus bas même qu’au Royaume-Uni où la presse – dans sa globalité – hérite d’un score de 36%). Seuls, en Europe, la presse slovaque et la presse hongroise sont à un score aussi bas que celui de leur homologue française. Seul pays, parmi les 33 étudiés par le Reuters Institute, qui fait moins bien… les Etats-Unis, avec un score de 26%
– D’après le Reuters Institute, “les personnes qui ont le moins confiance dans les actualités fournies par la presse ont tendance à être des personnes plus âgées, moins éduquées et moins intéressées par la politique”
– L’aide (publique) à la presse. A la question “le gouvernement devrait-il intervenir pour aider les organes de presse qui ne gagnent pas assez d’argent par leurs propres moyens”, le sondage sur notre sol a donné les résultats suivants: Oui : 29% ; Non : 37% ; Sans opinion : 34%.
Le rapport Digital News Report du reuters Institute peut être consulté via ce lien.