L’abominable vénalité des plates-formes


Dans un article intitulé “L’abominable vénalité des plateformes”, la Revue européenne des médias et du numérique passe en revue l’évolution récente des forces qui sont à l’oeuvre du côté des “plates-formes” (en particulier Twitter et Facebook) et de leur rapport amour-haine avec certains “influenceurs” d’un type assez particulier: les politiques (notamment outre-Atlantique) et leurs dérapages mensongers/intox.

Facebook, pendant longtemps, s’est retranché derrière le discours “je ne suis qu’un relais” pour ne pas retirer des propos mensongers d’hommes et femmes politiques. Au nom de la liberté d’expression. Puis, Twitter, suivi par d’autres, a banni Donald Trump de sa tribune.

Liberté d’expression ou en réalité liberté commerciale, puisque tout propos – politique ou autre – est hautement monétisable?, s’interroge l’article. D’autant plus que la “vérité” de l’information telle que la conçoit Facebook (ou d’autres grands manieurs d’algorithmes et de diffusion personnalisées) est à géométrie variable: « l’hyper-ciblage permet à certains candidats de relayer des informations mensongères tout en proposant en ligne, à destination d’autres électeurs potentiels, un discours plus mesuré ».

Twitter et Google ont adopté des stratégies un rien différentes, mais pas pour autant respectables.

L’enjeu aux Etats-Unis (mais aucun pays n’est exclu d’une nécessaire réflexion en la matière) est de tracer une ligne en “liberté d’expression” et “liberté individuelle fondamentale”. Et de savoir qui définit et impose les critères. L’Etat, la société civile, des entreprises commerciales.  « Mark Zuckerberg refuse d’endosser une responsabilité sociale sans que l’État intervienne en définissant un cadre précis pour les limites possibles à la libre expression en ligne. En confiant à des entreprises privées le soin d’en définir les contours, mais avec un risque de sanction à la clé en cas d’errements, la tentation de la censure préventive sur les réseaux sociaux numériques sera très élevée ».

Les “plates-formes” sauront-elles un jour trouver le juste équilibre, le plus vertueux possible, entre viabilité financière et crédibilité – comme la presse, soit dit en passant ? « Aujourd’hui, toutes les plateformes sont des entreprises privées dont les règles d’utilisation visent avant tout à maximiser leur chiffre d’affaires. Elles témoignent de ce fait d’un compromis entre leur besoin d’autoriser les pratiques les plus rentables (un tweet polémique crée de l’engagement, le microciblage des publicités crée du chiffre d’affaires) et la nécessité de nettoyer leurs plateformes des propos les plus choquants pour la majorité des utilisateurs afin que ceux-ci ne soient pas amenés à les déserter. »

A lire plus avant dans l’article… 

Source: La revue européenne des médias et du numérique (IREC – Institut de recherche et d’études sur la communication ; Université Paris II)



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