Le podcast d’information cherche encore sa place dans le paysage médiatique


Chacun aura pu le constater, les offres de podcasts natifs d’information – à ne pas confondre avec le replay d’émissions radio – se multiplient depuis plusieurs années. Ce mode d’expression parviendra-t-il à s’imposer et, ce faisant, à dynamiser la production journalistique ?

Pour le savoir, des chercheurs de l’Université Paris 2 Panthéon-Assas (France) étudient depuis plus d’un an ce nouveau support dans le paysage médiatique français, s’intéressant au contenu, à la manière dont ces podcasts sont produits, et à leurs modèles économiques. Dans un article publié dans The Conversation, les scientifiques du projet livrent leurs premiers résultats. 

L’étude se base sur 1.119 titres de podcasts et 191 producteurs, diffusés entre 2002 et 2022. Sur ces 191 producteurs, une majorité (121) est issue de la presse écrite. Parmi eux, on trouve 22 pure players, dont le magazine Slate, qui figure comme le producteur ayant lancé le plus de nouveaux titres (53) ces dix dernières années, juste derrière Arte Radio (60). En termes de nombre d’épisodes produits, en revanche, aucun média en ligne ne figure dans le top 10. 

Pour les chercheurs, « la durée de vie chaotique des podcasts témoigne d’un engouement pour la production de podcasts pas toujours bien maîtrisée. En effet, 52,5% des titres annoncés comme réguliers ont été interrompus. 486 titres de podcasts (55%) ne durent pas plus d’un an, et 194 (22%) pas plus de deux mois. Enfin, 206 titres (18%) font montre d’une périodicité irrégulière, en dépit de l’annonce d’un format mensuel, par exemple ». 

Cela s’expliquerait par le fait que ces podcasts sont le plus souvent créés à l’initiative d’un seul ou d’un petit groupe de journalistes, et non de la direction de la rédaction. 

Autre constat intéressant de l’étude: la culture est la rubrique la plus représentée dans le corpus de podcasts étudiés, avec 279 titres. Alors même que cette rubrique est généralement sous-représentée dans les médias généralistes. Nettement plus loin, on trouve la politique (108) et le sport (106). 

 

« L’hypothèse d’une inventivité dans les podcasts natifs qui viendraient bouleverser les schémas journalistiques préétablis est contredite par les données préliminaires de la cartographie de notre Observatoire du podcast ».

 

Si l’univers des podcasts d’information montre des disparités en matière de durée de vie et de rubriques, il existe néanmoins une certaine homogénéité dans le format choisi par les producteurs. Aussi, sur l’ensemble des 1.119 podcasts du corpus, les deux-tiers misent sur le documentaire/reportage, l’interview/entretien et la chronique.

« L’hypothèse d’une inventivité dans les podcasts natifs qui viendraient bouleverser les schémas journalistiques préétablis est contredite par les données préliminaires de la cartographie de notre Observatoire du podcast », estiment ainsi les auteurs. Néanmoins, « si les podcasts s’appuient sur des genres journalistiques stabilisés, c’est dans l’angle adopté, l’énonciation et la mise en récit de l’actualité que la nouveauté se joue ». 

Rappelons toutefois que le podcast natif n’est finalement apparu qu’assez récemment, et que ce nouveau support journalistique se développe encore aujourd’hui par la méthode d’essai-erreur. Il est a parié que ces contenus audio qui s’affranchissent des ondes radios évolueront encore dans les années à venir, dans leurs contenus, leur format et leur mode de diffusion. 

Source : « L’irrésistible essor des podcasts d’information » de Arnaud Mercier, Flore Di Sciullo et Marie-Eva Lesaunier dans The Conservation. 



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