NFT, les médias doivent-ils s’en saisir?


“Ils” ont apparu dans le paysage quasi comme une incongruité, un nouvel exemple de “bulle” et de manifestation du tout-au-virtuel qui repose un peu, beaucoup et dans certains cas d’espèces énormément sur du vent.

De quoi parle-t-on? Des NFT – les “non fongible tokens” (jetons non fongibles”, c’est-à-dire “non remplaçables par une chose de même nature”). Il s’agit de fichiers numériques assortis d’un certificat numérique, des “jetons” stockés, protégés et authentifiés par blockchain, attestant de l’authenticité et de l’originalité du bien, du contenu, de la création (numérique) auxquels ils sont associés. Le jeton (le certificat) est non fongible. Le fichier, lui, c’est-à-dire le contenu, la création, qu’il rend unique, est bel et bien fongible – échangeable.

Le site Futura citait, dans un des articles qu’il consacrait à ce phénomène, une liste d’exemples de contenus ou créations auxquels il est possible d’associer un NFT: “une peinture digitale ; une vidéo, comme les vidéos de basket de la NBA ; un mème ; une photographie ; un objet de collection, une carte par exemple ; un élément de jeu vidéo (avatars, skins) ; un ticket pour un évènement, comme un concert ; un film ; un brevet ; un objet virtuel pouvant être utilisé dans un monde virtuel, comme une paire de chaussures de designer ; un fichier audio, voire tout un album musical comme « When you see yourself » du groupe King of Leon….”

La culture, les artistes furent parmi les premiers à s’interroger sur l’utilité et les potentiels rêvés ou réels de ces objets nouvellement identifiés. Et à s’aventurer sur ce terrain nouveau.

Les spécialistes du marketing et du buzz s’en sont – évidemment – emparés goulument.

Mais quid des organes de presse, qu’ils soient traditionnels ou pure players? L’accueil fut un peu plus mitigé, réticent, prudent. Mais les premières initiatives n’en ont pas moins fleuri. En particulier dans le monde anglo-saxon. A l’occasion de la période traditionnelle des rétrospectives de tendances, la presse a commencé à faire un premier bilan de cette possible nouvelle manière de “vendre”, monétiser, rentabiliser des contenus et productions journalistiques.

Les Échos, en France, y a par exemple consacré récemment un article. “Comment la fièvre des NFT gagne les médias traditionnels”.

Idem du côté de Digiday qui, en début d’année, faisait un bref tour d’horizon de certaines expérimentations outre-Atlantique dans un article intituléHow publishers experimented with NFTs in 2021”.  Et l’on peut constater que les “modèles” et modes d’utilisation des NFT sont – déjà – assez variés. Depuis l’exploitation de l’historique (les anciens voire dans certains cas très anciens “papiers”, numéros spéciaux, éditions thématiques, couvertures emblématiques…) par quelques grandes enseignes de presse. Jusqu’à la manière de réinventer, une nouvelle fois, la relation avec le lecteur et la façon de le pousser à “consommer” des articles en-ligne.

Nul doute que l’on n’a pas fini de parler de NFT et de la manière dont la presse, les journalistes, les pure players pourront ou non se saisir de ce nouveau phénomène sans galvauder ou sacrifier encore davantage éthique, crédibilité, respect de leur métier et de leur public. En évitant aussi une cannibalisation par des pirates sans vergogne. Et en évitant de tomber dans le piège d’un engouement et/ou de pratiques qui tiennent plus de la dérive spéculative, de feu de paille voire de l’escroquerie disent déjà certains, que d’une saine et solide manière pour les journalistes et les médias d’ancrer leurs activités.



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