Quand les journalistes se dévoilent… pour recréer de la confiance


C’est l’une des “méthodes” préconisées à la fois pour créer et entretien des liens avec sa “communautés” de lecteurs ou de suiveurs et pour restaurer une confiance dans la presse qui est en berne – et en baisse – depuis déjà quelques années : expliquer, sans détour, dans la plus grande transparence et honnêteté possible, les “dessous” du métier, les coulisses d’une rédaction, du quotidien de journaliste.

Une démarche sous forme de conseil que l’on entend souvent dans les conférences et échanges sur la problématique de la confiance et de la fonte des lectorats. C’est un conseil qu’a appliqué récemment une journaliste américaine, collaboratrice du Washington Post (pour lequel elle couvre l’actualité judiciaire et criminelle), via son canal Instagram.

L’idée lui est venue – après s’être longuement interrogée sur l’utilité et la faisabilité de la chose – suite à la demande répétée de personnes qu’elle suit, pour son travail, sur Instagram de pouvoir la suivre, elle, en retour. Certes, cela aurait supposé de permettre à ces personnes (responsables locaux mais aussi de simples quidams, sans oublier ceux et celles qui lui servent de sources pour ses propres articles) de pénétrer dans sa sphère privée mais il y avait là, estimait-elle, comme un simple renvoi d’ascenseur… “I started thinking about how I could be more transparent and vulnerable with them in ways that I asked them to be with me without opening my entire personal life and making myself a part of their story”, explique-t-elle dans un article paru sur le site Nieman Lab (université d’Harvard).

Elle a donc décidé de créer un compte Instagram public où elle relate et explique son quotidien de journaliste, la manière dont elle récolte ses infos, construit ses articles, dont elle fait face à la pression et aux risques qu’implique son quotidien, les précautions qu’elle prend… Au fil de ses publications, elle explique les défis qu’implique son métier, ses difficultés, mais aussi les travers et embûches. Histoire de démontrer la somme d’efforts, la réalité du cheminement d’écriture, la pratique de vérification des faits et affirmations…

Car, comme elle tient à la souligner, ce type d’“exposition” est sans doute nécessaire pour lutter contre la méfiance voire la profonde rupture qui sépare désormais les médias de leur public habituel. “Part of this is an attempt to reestablish trust, from a perspective of a young reporter who’s come up at a time when people’s default is often to be skeptical of the media.”

A noter que parmi les personnes qui la suivent ainsi désormais sur ce compte public, on dénombre aussi des… journalistes. Non seulement par esprit collégial ou par curiosité de découvrir ainsi la face cachée du quotidien d’une consoeur mais aussi, estime la “social media coach” qu’a récemment engagé le Washington Post, parce que les journalistes, déçus par ce qu’est devenu un réseau et source d’infos traditionnelles tel que Twitter, “cherchent de nouveaux moyens pour échanger leurs informations”…



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