Spiil: la discrimination en défaveur de la presse en-ligne perdure…


La France n’est pas la Belgique. Et la manière dont la presse y est conçue, articulée et régulée, voire financée, présente bien des différences par rapport à ce que nous connaissons chez nous. En matière de presse et médias numériques, la France, à bien des égards, est bien plus avancée que nous le sommes. 

Il n’en demeure pas moins que les attentes, les défis, les frustrations aussi, sont souvent fort semblables. C’est ainsi que, récemment, le Spiil, Syndicat français de la presse indépendante d’information en ligne (1), s’est fendu d’un communiqué en mode doléances qui nous rappelle l’une des raisons d’être de l’ABiPP. Espérer un jour une reconnaissance pleine et entière des médias en-ligne indépendant, souvent des micro-structures, sinon des initiatives purement personnelles, qui se débattent quotidiennement avec des difficultés opérationnelles et financières hors norme.

Voilà pourquoi les “doléances” du Spiil, toutes proportions et contextualisation gardées, sont le reflet d’un besoin bien réel – outre-Quiévrain comme chez nous…

Le contexte ayant justifié le communiqué du Spiil? La manière dont les aides directes à la presse ont été distribuées aux médias français et rendues publiques (ou expliquées).
Au-delà des reproches du Spiil sur le manque de transparence sur la répartition et les destinataires, et sur cette répartition proprement dite (certains “gros poissons” raflent la mise), le Syndicat regrette amèrement que “85 % du montant des aides directes relève de subventions auxquelles la presse tout en ligne n’est pas éligible”. “Sur les 87 millions d’euros [de subventions aux titres de presse hors secteur public][, plus de 75 millions d’euros concernent exclusivement la presse imprimée en raison de la nature même des aides qui excluent la presse en ligne.

Une telle discrimination entre supports est particulièrement préjudiciable à la presse numérique confrontée à des investissements lourds et indispensables en matière rédactionnelle, technique et marketing.”

Le Spiil dénonce dès lors “cette préjudiciable distorsion de concurrence et réclame un rééquilibrage d’urgence pour l’année 2021”. De manière plus spécifique, il réclame une “nécessaire remise à plat des aides à la presse”, fondée sur cinq principes-clé:

neutralité des supports : les aides ne doivent privilégier aucun support
proportionnalité selon l’usage et donc le lecteur : les aides doivent être attribuées en fonction de leur utilité démocratique et de leur impact sur le pluralisme, et non compenser des coûts de production.
évaluation : mise en place d’indicateurs de performance sur le pluralisme de l’information. L’absence de ces instruments de mesure jette un doute sur la sincérité de l’objectif du soutien public au secteur
déontologie : les aides doivent encourager les éditeurs dans la voie de l’exigence déontologique, et notamment exclure les acteurs confondant contenus publicitaire et éditorial
– [5ème concept, plus franco-français] redéfinition de l’Information politique et générale (IPG) en Information Politique et Citoyenne (IPC) pour adapter le concept aux formats numériques.”

 

Le texte complet de la position du Spiil sur cette question peut être consultée via le site de l’association.

 

(1) Le Spiil réunit actuellement quelque 220 éditeurs indépendants représentant près de 300 titres de presse. Ses objectifs sont notamment de “promouvoir une presse indépendante et de qualité sur Internet” et de “défendre un cadre juridique et réglementaire qui permette un réel développement économique de la presse en ligne, et assure sa pérennité.”



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